Témoignage de Sr Bénédicte

Ah, si mes élèves avaient accès à YouTube, ils pourraient suivre les conseils de couture, voir comment faire un masque à partir d’un rond, d’un rectangle ou d’une chaussette! Hélas ce n’est pas leur cas. Nous sommes au Tchad et peu d’enfants ont accès à ces différents sites. Nous essayerons de faire un masque qu’ils appellent «cache-nez». Nous utiliserons des restes de tissus, mais pour cela il faut avoir des notions élémentaires qu’ils apprendront sur des machines à pédaler.

Je regarde la photo où une fille et un garçon montrent leurs travaux de l’année scolaire Covid-19 qui s’est malheureusement terminée trop tôt. Ils ont de la joie, de la fierté d’avoir réalisé le sac à dos brodé et le pantalon pour le petit frère. Oui, notre fondatrice désirait INSTRUIRE pour ouvrir le cœur des filles, pour aimer et connaître davantage.

Si je poursuis encore le cours de couture au collège, c’est pour leur donner une initiation à de nouvelles techniques pour leur permettre de créer et peut être un jour réaliser des modèles YouTube. La couture n’est qu’un moyen pour développer des compétences diverses et utiles à la vie.

En constatant, à la fin de l'année, leur progrès et leur envie de poursuivre cet apprentissage, il me semble que je participe, modestement, à la construction de ces jeunes personnalités. Ils se sentent responsables de ce qu'ils réalisent et s’étonnent parfois eux-mêmes de leur créativité «do-it-yourself».

Groupes bibliques avec Sr Janine

La fréquentation des livres bibliques date de longtemps: l'histoire d'un peuple, des peuples environnants, le contexte, la géographie, les fouilles archéologiques demeurent pour moi des centres d'intérêt toujours nouveaux et pleins de surprises.

Pour alimenter cette recherche du monde de la bible, j'ai bénéficié de la formation de l'Ecole de la Foi et comme animatrice de l'accompagnement des cours et des travaux bibliques durant douze ans.

C'est alors que s'est offerte l'opportunité de suivre la formation de l'ABC (association biblique catholique), qui a pour objectif de rendre la lecture des Ecritures accessible à qui en a l'intérêt.

C'est donc pour moi le point de départ des groupes bibliques que j'anime depuis vingt-deux ans. Par souci d'ouverture et de «mise à jour» et également par respect pour les personnes qui me font confiance, je suis régulièrement un cours biblique, à l'Université de Fribourg, depuis trente-cinq ans; cela m'oblige à être à l'écoute de l'évolution dans les domaines qui touchent la bible, et aussi d'adopter un certain discernement.

C'est dans le cadre des activités de la paroisse de Ste-Thérèse que les deux groupes de bible sont nés. Notre parcours? Après avoir approfondi les évangiles, les actes, l'apocalypse et d'autres textes, ces dernières années, je prends un thème d'un cours suivi à l'Université, et nous le travaillons ensemble: «Lieux et chemins, sauvé de quoi?»

Ce que les participants apprécient c'est la découverte de textes jamais lus, de savoir voyager dans la bible d'un bout à l'autre, de se laisser surprendre par des récits parfois osés, de trouver des idées, des thèmes répétitifs dans différents livres.

Chaque personne peut s'exprimer, poser des questions, partager il y a la place pour l'humour, entre autre de s'étonner de situation bizarre et de réaliser une fois de plus «qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil». Nos rencontres se font simplement, sans contrainte de «devoir». Il faut beaucoup répéter, on dit que c'est le succès de l'enseignement, mais après 7, 15, ou même 22 ans de présence, je suis émerveillée du chemin parcouru et de l'ouverture d'esprit des participants qui sont de tout âge.

Avec des clés de lecture adaptées et expliquées, les gens portent un regard différent sur les textes, en retirent ce qui nourrit la foi en un Dieu amour et se sentent plus libres de laisser tomber un certain enseignement qui culpabilise ou punit les personnes.

Voilà en bref ce que je vis avec les groupes de bible; certes, cela demande de se «mettre à jour», de chercher comment travailler, expliquer simplement pour que chacun soit à l'aise, c'est vraiment enrichissant et gratifiant; c'est un cadeau.

Témoignage de Sr Josiane

«Instruire, c’est aider à se construire». Tel pourrait être le fil rouge de ma mission au Tchad, où j’y suis depuis décembre 2014.

Pour «instruire», il est nécessaire que j’entre en relation, que j’écoute, que je dialogue, que je vive une certaine proximité avec les personnes vers lesquelles je suis envoyée. Ecouter les valeurs de leurs cultures, les laisser entrer en résonnance avec l’Evangile et regarder de quel côté jaillit davantage la vie. Il est nécessaire parfois de séparer le bon grain de l’ivraie, mais le plus souvent, il s’agit d’appliquer le conseil de Jésus: «Laisser-les pousser ensemble jusqu’à la moisson; et au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs: enlevez d’abord l’ivraie…» (Mt, 13, 30).

Si parfois «j’instruis», d’autres fois je me laisse «instruire». En effet, les différences de langues, de cultures sont tellement grandes, que je suis aussi apprenante, notamment lorsque j’accompagne les couples de la pastorale familiale.

Dieu est là dans la rencontre, dans la vie qui passe, qui grandit, qui cherche à ne pas mourir au milieu de tant de difficultés et de malheurs. Vraiment, la surprise vient de la vie qui se poursuit, qui se fraye un chemin et c’est cela qui la rend si attachante et pleine d’espérance.