Un temps pas comme les autres
Témoignage de Florence
Venue en Suisse et spécialement à Fribourg pour étudier la théologie, j’ai eu l’opportunité après juste deux mois dans cette splendide ville d’intégrer une colocation pour étudiantes gérée par les sœurs et située au 4ème étage de leur maison-mère. Je n’avais jamais vécu en colocation, j’appréhendais un peu. Mais toutes ces années vécues dans cet appartement ont été une bénédiction. J’ai beaucoup appris et créé de belles amitiés. Même si l’espace des étudiantes était indépendant du couvent, cela n’a nullement empêché le lien avec les sœurs: que ce soient les rires, les discussions profondes, les conseils prodigués, une présence chaleureuse de tout instant entre deux couloirs… J’étais «en famille» et portée par la prière de toute cette communauté, même si je ne partageais pas les offices religieux.
Alors, quand elles ont offert la possibilité à des jeunes femmes de partager leur vie à Ste-Agnès dans une de leurs maisons, j'ai volontiers accepté. Ce fut l’occasion idéale de vivre un temps spirituel plus intense pour surpasser le stress de la dernière année de master. Je pressentais que seule la prière de manière continue pouvait m’aider à franchir ce cap difficile de fin d’études et d’envisager sereinement la suite de ma vie professionnelle.
Apprendre un nouveau rythme
Eh bien, je ne me suis pas trompée! Ce temps passé chez les sœurs m’a beaucoup aidé pour les deux points susmentionnés. Abandonner certaines activités et me couper de mon rythme habituel pour me calquer à celui des sœurs ont été très bénéfiques. Mais non de tout repos. Car si vous êtes habituée à un rythme, c’est difficile de l’abandonner et de vous familiariser à un autre. Cas typique: il est 17h30, vous commencez enfin à vous sentir à l’aise dans vos révisions (l’écriture, l’apprentissage sont au beau fixe). Mais il est 18h, il faut aller à la prière et partager le repas. Alors, vous lâchez tout. Mais de retour dans votre chambre, vous constatez que vous n’arrivez plus à étudier. Zut! Aux premiers abords, c'est frustrant. Mais c’est juste le début d'un apprentissage qui va prendre du temps… Car cette manière de vivre met la priorité sur le principal: obéir à un cycle de vie qui place l'Autre au cœur de son existence.
Vivre le «concret» de la communion est un exercice qui demande ajustements temporels et pratiques. Eh bien, je peux vous dire que cela a été un exercice plus que périlleux à expérimenter à la veille d’une fin de master. Et encore plus difficile à éprouver, quand on a l'habitude de vivre selon les normes contemporaines du «je fais ce que je veux au moment où je veux».
Selon moi, ce qui porte cette vie à plusieurs, est la communion vécue dans la prière par toute la communauté. Appréciant mes temps de prières solitaires, je n'ai pu que m'extasier devant la puissance de la prière faite en commun vécue dans la régularité et un cadre précis. Là où deux ou trois sont réunis en Son nom, Il est là, Il agit et transforme. Ah la la! J'ai été servie en connexion spirituelle, et durant ces temps de prières pu faire jaillir des réponses très précises qui végétaient dans le brouillard de mon cœur. Mais ce que je retiens de ce séjour est l’exigence de la régularité donnée à la vie communautaire, pour le bien de chacune et du groupe. Exigence avec laquelle je tente de cheminer, encore et toujours, à petits pas.