Un temps pas comme les autres
Témoignage de Cosima
J’ai découvert les sœurs de Ste-Ursule lors d’une retraite dans le quotidien de quelques jours à Ste-Agnès en juin 2015. Je cherchais alors un appartement pour la rentrée et nous avons discuté avec sœur Marie-Brigitte qui accompagnait ma démarche de la possibilité de m’installer plusieurs mois chez elles. Je n’ai pas pris la proposition au sérieux d’abord. La contrainte serait trop grande, la différence générationnelle peut-être pénible. Pourtant, la beauté de l’accueil que j’ai reçu durant cette semaine m’a finalement fait accepter, sur un coup de tête.
C’est la première chose qui m’a frappée: l’accueil. L’atmosphère était joyeuse, d’une joie profonde. Tout naturellement, une place s’offrait pour moi dans les rapports et les tâches quotidiennes. Le regard des sœurs était ouvert, leur écoute attentive et empathique, leur opinion lucide (si je la demandais, car elle ne s’imposait pas). Je me suis tout de suite sentie aimée pour qui j’étais vraiment, mais différemment que par mes grands amis ou ma famille: avec une distance qui me laissait libre.
L'apprentissage du discernement
Cependant, chez les ignaciens, il faut discerner. Avec une douce fermeté que j’allais apprendre à mieux connaître, les sœurs m’ont fait attendre l’été pour cogiter et confirmer mon choix. A la rentrée, toujours convaincue, j’ai posé mes cartons dans des coins plus ou moins cachés de cette étonnante maison-école, ce labyrinthe-couvent. Je commençais alors mon premier job d’enseignante à temps presque plein après plusieurs années de remplacements et stages. L’objectif de mon expérience à Ste-Agnès était d’apprendre, à l’image des sœurs, à emporter ma foi dans mon travail: que le Christ ne soit pas à côté mais au centre. Et en effet, ces mois de vie communautaire ont porté beaucoup de fruits. Les vêpres quotidiennes et le témoignage des Ursulines m’ont menée à donner plus de temps à la prière. Les méditations de l’évangile le dimanche m’ont rendu plus familière la figure du Christ. Ainsi mon amitié personnelle avec lui s’est approfondie. Et à partir de là, j’ai vu tout le reste s’apaiser considérablement.
La vie communautaire m’a elle aussi beaucoup apporté. La certitude quotidienne de rentrer vers un repas chaud, la prière et ces sourires m’ont réconfortée de ce qu’impliquait mon défi professionnel. Les tâches partagées, les rituels et l’attention réciproque m’ont fait murir.
Je m’étais préoccupée des différences intergénérationnelles. C’était bel et bien un défi par moments mais jamais les sœurs ne me l’ont fait peser. C’est que s’il y a une chose pour laquelle les Ursulines sont championnes, c’est de vous prendre tel que vous êtes, et surtout où vous êtes dans votre parcours; s’adaptant au rythme du cheminement intérieur de votre foi et de vos choix. Ainsi, j’étais partie pour trois mois et mine de rien, sans que personne ne s’en plaigne, j’ai fini par rester une demi année.
Les dons de ce temps que j’ai vécu en communauté m’ont montré l’actualité et la beauté de la vocation des Ursulines qui aident depuis quatre siècles des jeunes femmes à devenir elles-mêmes, et en particulier dans la foi, comme elles l’ont fait avec moi.
Cosima Frieden